Le Covid-19 et notre expatriation
- coralierevy
- 19 mars 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 mars 2023

Grand événement de l’année 2020 : le Covid-19 ! Comme tout le monde à travers le globe, nos vies ont bien évidemment été impactées par cette pandémie… Dans ce malheur collectif, nous avons eu la chance de ne pas perdre de proches, de garder un toit au-dessus de nos têtes et de toujours avoir à manger dans nos assiettes, donc sincèrement, merci la vie.
Maiiiiiiiis on a quand même dû changer nos plans d’expatriation… et pas qu’un peu.
Déjà premier problème : aucun de nous quatre n’a réussi à trouver un emploi dans son domaine, même mon compagnon qui est développeur (métier très recherché partout dans le monde). Moi, avec mes diplômes dans le tourisme et mes cinq années d’expérience en agences de voyages je vous laisse vous rappeler où en étaient ces métiers là durant la pandémie.
Ensuite second problème : Et bien on vivait donc sur nos économies. Certes on a bien profité et sans aucun regret de plusieurs soirées endiablées (avant la fermeture des lieux non indispensables) dans notre bar préféré le Watchman’s Pub à deux rues de chez nous mais il fallait aussi garder les pieds sur terre et assurer notre avenir. On venait s’installer au Canada, pas seulement passer des vacances entre amis.
Donc à peine trois mois après notre atterrissage à Calgary, suite à une soirée jeux partagée entre « Les Aventuriers du Rail » et le « Président » on a finit par parler, tous les quatre, de notre avenir incertain au Canada. Franchement on était perdu et assez déboussolé, donc dans l’incertitude on a sorti une feuille avec Wendy pour noter les trois options qui s’offraient à nous afin d’essayer d’y voir plus clair. Notre taux d’alcoolémie mélangé à la fatigue a bien rigolé à trois heures du matin quand on était en train de noter les “plus” et les “moins” de chaque possibilité, mais ça a tout de même été assez fructueux !
Nous avions donc trois choix possibles à court terme pour notre avenir : Rester à Calgary et essayer de trouver des boulots y compris dans autre chose que nos domaines / rentrer en France / tenter un autre coin du Canada. Pour l’option “rentrer en France” il fallait prendre en compte le fait que Kévin et moi avions deux chats (quand je dis que cette aventure a été pleine de rebondissements !) et Clément et Wendy un chat également donc hors de questions de faire d’une traite un Calgary/Paris. On ne voulait pas leur infliger trois heures d’attente à l’aéroport + onze heures de vol + quatre heures de voiture jusqu’à Dijon. On s’est donc dit que s’il fallait retourner sur les terres de notre mère patrie, on allait faire un arrêt de quelques jours à Montréal, le temps de souffler aussi bien pour nous que pour eux et aussi pour visiter une ville qui nous intéressait avant de quitter le pays (pas de confinement à ce moment là à Montréal) histoire de vivre une dernière aventure dans l'aventure et de profiter avant le grand retour.
J’ai retrouvé la photo du tableau que l’on avait fait et qui rassemblait les « plus » et les « moins » de chaque option :
Rester à Calgary – LES PLUS
Déjà installés avec nos meubles achetés, c'était donc choisir la facilité et le confort.
Proximité des Rocheuses.
Proximité avec la Colombie-Britannique que l’on aimerait découvrir.
Région anglophone pour s’améliorer en anglais.
On connaissait la ville car installés depuis presque trois mois.
Rester à Calgary – LES MOINS
Pas de travail (déjà avant le Covid-19 avec la crise du pétrole c’était difficile d’en trouver un, mais là encore pire).
Pas de voiture donc difficile de trouver un travail (cette ville est immense, sans voiture c’est casi impossible d’y faire sa vie) mais on ne voulait pas s’engager dans l’achat d’un véhicule avant de trouver un travail. Le serpent qui se mord la queue comme on dit.
Autres grandes villes très loin, donc pas possible de trouver un travail ailleurs qu’à Calgary vu nos domaines professionnels.
La ville n’est pas si folle que ça, ni très jolie hormis quelques coins. Si on n’a pas accès à la nature environnante, ça ne sert presque à rien d’y rester et les parcs nationaux étaient fermés pendant le Covid.
Rentrer en France (à Dijon) – LES PLUS
Retrouver nos familles et nos amis.
Rester chez papa/maman en attendant que la situation s’arrange, donc casi ne plus toucher à nos économies.
Retrouver la nourriture française !!! (je me moquais du cliché du français à l’étranger qui regrette son patrimoine gastronomique, mais en fait je comprends tellement maintenant !).
Pas d’urgence à retrouver un travail sur place, donc pas de stress.
J'avais quitté ma ville d'enfance depuis trois ans mais sans vouloir m'y ré-installer, tout du moins à ce moment-là, je l'ai quand même toujours aimée.
Rentrer en France (à Dijon) – LES MOINS
Passer des heures enfermés dans un avion avec d’autres voyageurs en période de Covid-19, ce qui nous stressait pas mal.
Trajet compliqué avec les chats, comme mentionné plus haut.
Confinement de 14 jours en arrivant en France.
Devoir revendre tous nos meubles (oui oui, on s’est mis dans des non meublés direct sans travail, au moins ça nous aura servi de leçon).
Toutes les chiantitudes administratives à gérer, des comptes internet + électricité à clôturer avec des frais etc…
Clairement on ne voulait pas rentrer, surtout à cause d’un élément extérieur nous stoppant net dans notre rêve.
Le retour en France aurait représenté la fin définitive de notre expatriation au Canada (du moins avec un PVT car il est toujours possible d’y revenir avec un autre visa de travail). Clairement on le savait, si on avait dû rentrer, on serait revenu en vacances, mais jamais en tant qu’expatriés. Un « échec » aurait été suffisant, on ne se voyait pas revenir et retenter. Psychologiquement et émotionnellement, ça aurait été vraiment un gros coup dur à gérer. Je rêvais de cette aventure depuis tellement d’années…

S’installer à Montréal (oui oui !)– LES PLUS
La poutiiiiine !!! (ah ah pour nous qui sommes gourmands, c’est un argument aussi recevable qu’un autre 😉 )
Il y avait plus d’offres d’emploi à Montréal en période de Covid-19 qu’à Calgary en période normale, donc c’était encourageant.
Les loyers, bien qu’élevés depuis quelques années, restaient pour le momentmoins chers qu’à Calgary.
Proximité d’autres grandes villes aussi bien Canadiennes que des USA.
Bien que la région soit francophone, on y parle quand même plus anglais qu’en France donc on aurait toujours pû améliorer notre niveau.
Ville très appréciée des canadiens et des expatriés, ce qui ne doit pas être pour rien.
On resterait au Canada !
S’installer à Montréal – LES MOINS
Ville la plus touchée par le Covid-19 au Canada.
Comme pour le « quitter Calgary », devoir revendre tous nos meubles.
Comme pour le « quitter Calgary », toutes les chiantitudes administratives.
Crise du logement, plus de demandes que d’offres et donc prix qui commençaient quand même à flamber (merci les propriétaires de Aibnb qui ne pouvaient plus louer aux touristes mais qui refusaient de mettre leurs bien à des prix normaux, les autres propriétaires ont donc suivi…).
Ville très peu pet friendly donc difficulté pour se loger avec des chats.
Devoir organiser le voyage Calgary/Montréal + notre arrivéeavec un point de chute suivie de la recherche d’un logement.
Devoir vite trouver du travail, car les économies allaient continuer de fondre.
Taxes au Québec plus élevées qu’en Alberta.
Beaucoup de français, notre but étant d’être plus au contact des canadiens que de os compatriotes.
On n’a pas beaucoup réfléchi, on s’est dit que le mieux, en accord avec notre souhait de rester au Canada et le fait de devoir vite trouver un travail, était de tenter Montréal. Dans la semaine qui a suivi cette soirée (début Avril), on a commencé à mettre nos affaires en vente sur Marketplace et on a acheté nos billets pour un vol Calgary/Montréal le 02 Juin 2020.
Dans notre malheur, on a pû revendre casi toutes nos affaires à presque le prix du neuf. Nos meubles étant vieux de trois mois à peine et tous les magasins non nécessaires fermés, j’avoue qu’on ne s’est donc pas privé sur les prix vu que les gens n’avaient pas de choix en dehors de Marketplace.
Kévin et moi avons même réussi à vendre notre canapé le jour de la remise des clés de notre appartement à une dame qui m’avait acheté un sac à main la semaine d’avant. GROS COUP DE CHANCE !
Pour être honnête, à part le fait de ne plus être proche des Rocheuses, je m’en moquais un peu de quitter Calgary. Sans détester la ville, je n’ai pas spécialement eu le coup de cœur, je savais au bout d’un mois que cette ville n’était pas pour moi. Je me serai bien vu rester un an voir peut-être pendant les deux ans de mon PVT au maximum, mais emménager dans une autre ville ne me dérangeait pas. Par contre les Rocheuses… les parcs nationaux ont été fermés et ont rouvert la veille de notre départ pour Montréal. On est retourné deux fois dans les montagnes accessibles au public histoire de voir une dernière fois les splendides Rockies, mais on n’a jamais vu les beaux lacs de l’Alberta… Grande sensible que je suis, j’en ai presque pleuré de réaliser qu’en étant si proche, je n’admirerai pas ces paysages dont j’avais rêvé pendant presque un an…
J’avais beau me dire que j’avais de la chance de pouvoir essayer une autre ville, de rester dans le pays, de continuer de vivre mon rêve, je n’ai toujours pas digéré la pilule en ce soir du 19 Mars 2023 où j’écris ces lignes.
Je repense tout de même avec une belle nostalgie à tout ce que j’ai vécu, mais j’attends avec impatience de prendre ma revanche et de voir de mes yeux les splendeurs de l’Alberta !
Comments